Jaco Von Dormael, réalisateur du touchant Huitième Jour, offre cette fois-ci sa vision de l’évangile dans Le Tout Nouveau Testament et d’un dieu alcoolique, méchant, aigri. C’est une nouvelle interprétation qui vient enrichir les nombreux films satiriques sur le tout-puissant comme Dog’ma, Bruce Tout Puissant,… Le casting est tout aussi intéressant. Il regroupe le meilleur du cinéma belge avec Poelvoorde, Damiens, Larivière, Leysen, Moreau et Deneuve, pour la France. Bref, tout pour passer un bon moment de franche rigolade. Mais ces promesses ne font pas de ce film une réussite.
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LE TOUT NOUVEAU TESTAMENT
Par Jaco van Dormael
Avec Pili Groyne, Benoît Poelvoorde, Marco Lorenzini…
Le 2 septembre 2015
Durée 1h50
Synopsis
Dieu existe. Il habite à Bruxelles. Il est odieux avec sa femme et sa fille. On a beaucoup parlé de son fils, mais très peu de sa fille. Sa fille c’est moi. Je m’appelle Ea et j’ai dix ans. Pour me venger j’ai balancé par SMS les dates de décès de tout le monde…
DEUX PERSONNAGES SE DETACHENT
La première partie du film, La Génèse, est un vrai bonheur. Benoît Poelvoorde est sublime dans ce Dieu mesquin à l’image de notre monde. Il boit, bat sa fille, considère sa femme comme une attardée mentale et accable les Hommes de divers maux pour satisfaire son sadisme. Il gère le monde via son PC de la manière la plus odieuse et totalitaire qui soit. C’est un délice de voir un Dieu sous ces traits et dans un scénario déjanté, teinté d’un humour noir.
Puis le jeu de Pili Groyne, Éa fille de Dieu, est à la hauteur du reste du casting. Elle s’en sort à merveille dans le premier rôle. Elle apporte de la douceur et plus de justesse au message du réalisateur. Sa voix-off berce les spectateurs de personnage en personnage, d’histoire à histoire. Elle est l’étincelle d’optimisme du film.
UNE COMÉDIE BANCALE
Si le début est des plus prometteurs, la suite du film l’est beaucoup moins. La deuxième partie, L’Exode, marque la fuite et le périple d’Éa. Bien que les acteurs jouent à merveille, cela n’empêche pas que l’histoire tombe très vite dans la morale « gnangnan », « vivez votre vie et sans regrets ! » avec en fond sonore un repertoire de musique classique. Mouais… Cela donne l’impression d’une mauvaise version des films de Jean-Pierre Jeunet. Le fond reste simpliste: les différentes émotions comme la joie, la déception, la tristesse, la peur, l’amour nous définissent comme des êtres vivants et libres. Et les quelques répliques/scènes comiques ou touchantes n’empêchent pas un sentiment de longueur et d’ennui.
CONCLUSION
Le film reste décevant malgré un bon début. Les scènes comiques et les jeux d’acteurs ne suffisent pas à rehausser la qualité comique vendue dans la bande annonce. Que le film ait un message moral n’est pas dérangeant en soit, mais il n’est pas assez abouti. La mise en scène a au contraire davantage été « travaillée » malgré quelques effets visuels douteux. Les interventions du géniallissime Benoît Poelvoorde et le jeu de qualité de certains acteurs comme Pili Groyne n’assurent pas d’être à l’abri de l’ennui et de la deception. Dommage pour une comédie.
BANDE-ANNONCE